Journée 30

DIMANCHE 5 AOUT :     

Entre refuge Pujol et Noarre –

Estany de Romedo de Dalt 

                           7 h 20   – 17 h 

                      Beaucoup de monde aujourd’hui sur la HRP, c’est-à-dire environ une trentaine de personnes croisées sur le passage…Nous sommes dimanche et beaucoup d’espagnols venant de Noarre goûtent la beauté des lieux et se dirigent vers le pic de Certascans ; La tendance se confirme, année après année, nous rencontrons de plus en plus d’espagnols de tout âge sur les sentiers de randonnées …et de moins en moins de français ?

           Longue mise en jambes sur un sentier plat, en bordure de torrent alternant sous-bois et pâturages pour déboucher sur une piste, puis un chemin qui nous mène rapidement aux granges de Noarre, petit hameau d’anciennes granges restaurées avec goût en résidences secondaires…Nous entamons alors une série de montées successives qui vont nous conduire jusqu’au col de Certascan, 2605 m à 12 h.

          Mission bientôt accomplie sous un soleil qui se fait de plus en plus insistant ; je perçois jour après jour que mon rythme de marche change nettement en fonction de la température et j’appréhende les longues montées en plein soleil ; Et lorsque un petit vent frais d’altitude se signale, je me sens regaillardis ! Thierry, lui, semble beaucoup plus sensible aux effets du froid …ça s’appelle la complémentarité !

          Les éléments- l’eau, la pierre, la végétation, le ciel… -jouent de leurs couleurs et de leurs contrastes pour nous assembler des paysages toujours différents, jamais monotone. Les prairies gorgées d’eau  sont encore très fleuries pour un mois d’août et c’est un régal visuel.    

                                   Assis au col de Certascans, nous voyons de nombreux randonneurs obliquer vers le pic ce qui nous introduit à une petite cogitation : le faire ou pas ? Vérification faite à l’aide de la carte, il y a exactement 248 m pour l’atteindre…la décision est vite prise ; Nous nous délestons des sacs à dos et une demi-heure plus tard contemplons la vue avec l’impression d’une légèreté jamais connue ! Le Mont Rouch d’un côté et, au lointain le massif des Encantats se rappellent à notre souvenir…Dans la descente nous croisons une bergère empressée d’atteindre le sommet avant la montée des nuages pour repérer des brebis égarées…Dur métier !

          Dans la descente du col on trouve des névés encore imposants ; Plus loin un petit glissement de terrain ayant produit un effritement des blocs de neige nous donnerait l’illusion d’une petite zone glacière…La vue sur l’immense lac de Cercastans, d’un bleu profond qui tranche avec la couleur rougeoyante du massif du même nom, est assez saisissante.

          Arrivée devant le refuge et son point d’eau…Damned ! Encore de l’eau « non tratada ! »…Cette fois c’est « el senor » du refuge qui nous dit de ne pas en tenir compte !

          La fatigue commence à se faire sentir, mais il nous reste assez de temps pour une dernière montée, courte mais rude, histoire de quitter à nouveau les bribes de civilisation entrevues à proximité du refuge pour s’engouffrer dans les espaces de solitude plus sauvage….

          …Et nous n’allons pas être déçu ! Le bivouac face au lac Romedo de Dalt sera l’un des plus beaux de la traversée ; Impression d’une solitude majestueuse, sans traces de vie, dans un environnement très pittoresque où de petits sapins colonisent îlots et rochers comme semés de manière disparate sur la surface pure et immobile de l’onde du lac…Faisant face, le massif ariégeois se reflétant presque intégralement dans celle-ci …

Une première pluie du soir vient nous rappeler aux réel météo et constatons quelques gouttes d’eau qui tombent à l’intérieur de la tente : A surveiller !