Journée 29
SAMEDI 4 AOUT :
Alos d’Isil – Entre Refuge Pujol et Noarre
7 h 15 – 16 h 30
Encore un très beau parcours, sauvage, où le soleil nous a fait la faveur de ne se montrer que dans l’après-midi nous permettant une longue montée ombragée vers le col de la Cornella. La mise en route, progressive, sur un plat bitumé, soulage les corps très sollicités la veille…Nous entrons dans le parc naturel de l’Alt Pireneu où les ours semblent interdits : un sigle en témoigne sur le panneau attenant à la route !! Nous aurons ainsi quelques énigmes non résolues au cours de notre périple…
Des vaches attentives nous délivrent un laisser-passer à l’intersection de la route et des très belles granges de Pinas, impeccablement restaurées et la traversée du sous-bois s’ouvre ensuite sur de vastes prairies et pâturages encadrées de montagnes très boisées ; l’endroit est sauvage à souhait et l’on pourrait s’attendre à voir surgir, justement, un ours…
Nous distinguons deux personnes repliant leur tente et leurs affaires près d’un petit lac…deux personnes que nous retrouvons lors d’une pause un peu plus loin ; lui : grand et maigre, un guide de la HRP dépassant de sa poche, un stylo accroché à la poche de chemisette et un reflex en bandoulière ; une étroite casquette vissé sur sa tête laissant largement dépasser une longue tignasse blanche, complète sa tenue ; Elle : Plus classique dans sa tenue, plusieurs petites gourdes à la ceinture, mais cache moins bien son âge que lui…Ils sont comme nous sur la HRP mais en empruntant largement le GR 11 qui permet plus facilement le ravitaillement ; Nous allons échanger alternativement en anglais et en espagnol sans connaître leur origine ; Ils traversent les Pyrénées d’un seul tenant, paraissent d’un moral à toute épreuve et ne vont pas tarder à nous le montrer en continuant leur route d’un pas alerte et sûr, lui repérant immédiatement la direction et les bonnes trajectoires à prendre et nous précédant ainsi rapidement…notamment dans la délicate descente du col de Curios où son petit sautillement en pas chassés fait merveille. Elle, ne se laissant nullement abattre par le rythme effréné de Lui… Ce couple fait partie des quelques rencontres souvent brèves avec des HRPistes, mais suffisamment fortes pour entretenir le souvenir d’une idée, d’une aspiration réciproque qui nous habite et nous relie, le temps de quelques foulées communes et éphémères.
Après la pause repas-sieste face à un délicieux petit lac où le temps semble arrêté, nous entamons une descente sinueuse entre les différents estanys de la Gallina qui nous dirigent progressivement vers le refuge du Mont Roïg ; L’eau jaillit de toute part en cascades, torrents, ruissellements divers, au travers de vertes pelouses fleuris ou contournant des ressauts rocheux ; C’est un régal visuel ! Nous voyons aussi quelques restes de névés et sommes étonnés de voir autant d’eau pour un mois d’Août, signe d’un printemps très arrosé et enneigé ; Constatation que nous ferons à de multiples reprises par la suite.
Le Refuge du Mont Roïg, non gardé, est une ancienne cabane de chantier sommairement aménagé ; Déjà largement investit lorsque nous l’atteignons, nous le quittons rapidement sans regrets ! Lors de ma dernière visite en ces lieux il y a trois ans en septembre, un berger s’était approprié les lieux et il me reste en souvenir un réveil soudain en pleine nuit dû au bruit des rongeurs attaquant à tout va sacs de nourriture et même lacets de chaussure !
La descente qui suit le refuge nous fait progressivement découvrir toute la grandeur sauvage et isolée du massif du Mont Rouch dont le névé central dans le dièdre semble faire office de ligne blanche frontalière séparatrice entre les pointes espagnole et française.
Un bivouac « torrent » s’impose alors, pour faire lessive et toilette…